Seckou Sadio, jamais à court d'idées et d'envies

Aîné d’une fratrie de huit frères et soeurs, Seckou Sadio a passé sa petite enfance à Goudomp, une commune sénégalaise sur la rive gauche du fleuve Casamance. « J’ai très tôt rêvé de découvrir le monde », se remémore-t-il. Vers l’âge de 12 ans, il s’entête à vouloir arrêter l’école et ses parents l’envoient chez un oncle habitant un village éloigné. « Les conditions étaient plus difficiles qu’en ville, je parcourais huit kilomètres à pied pour me rendre à l’école. En fin de journée, je travaillais dans les champs. Cette expérience a forgé mon caractère et mon envie de me dépasser », commente Seckou Sadio. Son exode rural prend fin pour son entrée au lycée. Les années passent, Seckou Sadio ne compte plus les heures à étudier. Son assiduité finit par payer : bac en poche, il est retenu par l’Université Gaston Berger de Saint-Louis pour suivre un Deug de géographie..
En 2006, il a ensuite l’opportunité de poursuivre ses études en France, à l’Université de Poitiers, avec une licence puis une maitrise en géographie. « J’ai débarqué en boubou africain à la gare Montparnasse avant de rejoindre Poitiers ! Les premières semaines, j’ai souffert de solitude et la cuisine locale était trop éloignée de mes habitudes alimentaires ». Malgré tout, il s’accroche d’autant que les cours le passionnent. Il découvre la géomatique et des logiciels de cartographie, comme Philcarto. Pour joindre les deux bouts, il enchaîne les petits boulots : ramasseur de melon charentais, conseiller de vente chez Go Sport… À la fin de la première année, il réalise un stage au BRGM, missionné en tant qu’ingénieur risque.

Pendant six mois, il participe à la mise en place de la base de données BASIAS des établissements sensibles, qui a vocation à conserver la mémoire des sites et fournir des informations utiles aux acteurs de l’urbanisme, du foncier, de l’environnement ou aux notaires… « J’ai particulièrement apprécié cette mission qui m’a permis d’opérer des recherches dans les archives, d’effectuer des visites de terrain, de réaliser des cartographies et des analyses », se souvient Seckou Sadio. À son issue, il se voit proposer une embauche qu’il décline, préférant ponctuer sa formation par un double cursus pour parfaire son CV. Il opte pour un Master recherche en Aménagement et Développement Territorial à l’Université de Poitiers et un Master spécialisé en Environnement gestion d’espaces à fortes contraintes et Géomatique à l’Institut de Géographie et d’Aménagement de Nantes.

Un an plus tard, il rejoint les équipes du BRGM, recruté comme chargé de mission environnement. Durant deux ans, il cartographie et étudie les risques des établissements sensibles en Charente et dans les Deux-Sèvres, inventorie les anciens sites industriels du département de la Vienne… Après cette expérience, il déniche un poste de Géographe analyste auprès de Navteq (devenu Here). Seckou Sadio prend alors en charge l’acquisition des données, le traçage du réseau et des implantations d’infrastructures. Il collecte et code sous ATLAS. « J’ai pu mener un projet Lidar à une époque où l’on ne parlait pas encore de vue immersive, en cartographiant toute la ville de Paris en 3D ! »

La variété de ce job lui plaît énormément,  mais le conduit en semaine loin de son épouse. « À la naissance de notre fille, j’ai eu besoin de trouver un emploi près des miens », avoue Seckou Sadio. Quelques mois plus tard, il est embauché à la ville de Chartres – Chartres Métropole comme chef de service SIG. « J’ai dû rapidement me familiariser avec les us et coutumes de la fonction publique, apprendre à gérer un SIG mutualisé pour le compte de deux collectivités et de leurs utilisateurs ». Depuis, il ne cesse d’élargir sa palette de connaissances et de compétences, menant à bien la réalisation du schéma directeur SIG, la conception et la réalisation de modèles conceptuels de données sur les thématiques métiers (réseaux, aménagement, urbanisme, vidéo protection, développement économique, etc.), la rédaction de cahiers des charges en lien avec l’acquisition d’outils, le montage financier ou encore le management de l’équipe SIG. Progressivement, le service s’est étoffé, passant de trois agents à six.

« Ces prochains mois, je vais me pencher sur la loi d’accélération sur l’énergie renouvelable, la loi ZAN et le projet Plan de Corps de Rue Simplifiée, en accompagnant les communes à l’échelle régionale dans la mise en place ». Seckou Sadio dédie une partie de son temps libre aux autres, ayant fondé à la sortie de l’épidémie de Covid-19, l’association Joko’Chance avec laquelle il collecte des livres, des équipements scolaires ou des habits aux profits d’hôpitaux, de services de petite enfance ou de démunis au Sénégal. « Je veux en quelque sorte partager un peu la chance que j’ai eue dans ma vie », admet-il avec humilité. En parallèle, il monte un projet de voyage solidaire afin qu’une dizaine de jeunes défavorisés de 17 à 22 ans partent deux semaines au Sénégal pour renaturer les écoles. Il prévoit déjà de tenir une story map pendant le séjour prévu courant 2024. Autre grand projet : il projette d’emmener ses deux enfants au Sénégal pour qu’ils connaissent et découvrent les terres natale de leur père.

Fanny Perrin d'Arloz

Seckou Sadio en quelques dates
 

1979 Naissance à Goudomp (Sénégal)

1999 Baccalauréat série L2 au Lycée Djiniabo Zinguinchor

2002 DEUG 2 Géographie à l’Université Gaston Berger de Saint Louis

2007 Maîtrise en Géographie option Aménagement à L’Université de Poitiers

2008 Master recherche en Aménagement et Développement Territorial à l’Université de Poitiers

2008 Master spécialisé en Environnement gestion d’espaces à fortes contraintes et Géomatique à l’Institut de Géographie et d’Aménagement de Nantes.

2008 Chargé de mission Environnement au BRGM

2011 Géographe analyste au Navteq Île-de-France Centre Normandie

Depuis 2012 Chef du service SIG à Chartres Métropole