Saint-Denis de la Réunion : le SIG intense !


La capitale de la Réunion dispose d'un SIG depuis 2003. Porté il y a quelques années dans l'environnement ArcGIS et les solutions arcOpole. Cette migration facilite de nouveaux déploiements, notamment vers l'OpenData.



Avec ses 150.000 habitants, Saint-Denis de la Réunion est la Capitale de l’Île. Elle se classe au 20ème rang des villes françaises. Comme la plupart de ses consœurs, elle a connu plusieurs étapes avant la mise en place d’un véritable SIG, partant comme souvent d’une Banque de Données Urbaines initiée à la fin des années 80 pour s’ouvrir progressivement vers l’ensemble des utilisateurs de la collectivité. Mais ce cheminement ne s’est pas fait en un jour. Le SIG a connu quelques périodes de vaches maigres, notamment en termes de recrutement et de maintien des équipes. Le service que dirige actuellement Philippe Zamora, Géomètre expert de formation, s’intitule «Bureau du Plan et du SIG». C’est dire que le besoin topo perdure et reste assuré, malgré les budgets en constant rétrécissement... Les travaux sont donc majoritairement exécutés en Régie, avec une dizaine de personnes organisées en quatre brigades.

 

Le SIG proprement dit a réellement démarré en 2003, à l’occasion de la mise en place du PLU, lui aussi réalisé en Régie. C’est une particularité de Saint-Denis, car les autres collectivités insulaires ont préféré en sous-traiter la réalisation à des bureaux d’études. Ce chantier essentiel pour la Ville a été l’occasion de mettre en place une première cellule avec un technicien chargé de la mise à jour, de diffuser le document auprès des services et rencontrer un vif succès. Mais cela n’a pas été sans affronter les classiques problèmes de qualité des référentiels. Pour exemple, habituel à cette période, la coexistence de deux cadastres numériques non conformes, qu’il a fallu faire converger et mettre aux normes de la DGFIP pour pouvoir obtenir le label.

 
 
 

Un long travail de consolidation des données

Sur ce point essentiel qu’est la qualité des données, plusieurs chantiers sont en cours pour améliorer l’existant. Un processus de vérification des 33.000 points adresses a été entamé. Un premier travail de comparaison des bases existantes avec les données DGFIP, la Base Adresse Nationale (IGN) et d’autres sources a été mené, puis des contrôles terrain effectués voie par voie. Il est actuellement réalisé à 60% et il faut compter encore deux années de travail pour en venir à bout ! 

 

Un autre dossier important concerne le foncier communal et le patrimoine de la collectivité, tous deux partiellement répertoriés, pas ou peu mis à jour et très peu renseignés en termes d’occupation notamment. Toutes les erreurs étant sources de nombreuses incohérences dans la gestion de la collectivité, il a fallu que le Service refuse à un certain moment de diffuser les informations pour que les directions prennent conscience de la gravité de la situation. Ce coup de force a permis une mise à plat des problèmes et la décision a été prise de s’attaquer à ce chantier, avec pour projet de disposer en 2018 d’une base fiable afin de mettre en place une application de gestion du patrimoine. Restent à résoudre des problèmes de structuration des données car le SIG reste essentiellement 2D, or les bâtiments sont occupés sur plusieurs étages. Fort heureusement, aucun ne dépasse les R+3 et le service SIG envisage une solution assez simple et pragmatique en créant 4 couches dans la base du bâti communal.

 

L’Open Data est également programmé à court terme. Pour répondre aux obligations légales, le service compte diffuser environ 15 jeux de données géographiques dès le début 2018, en exploitant la solution ArcGIS Open Data d’Esri qui répond immédiatement à cette exigence. Des présentations ont été faites en interne pour sensibiliser les autres Directions et leur proposer de s’appuyer sur cette infrastructure de diffusion. 

 

Le turn over des équipes risque d’impacter le SIG

Revenant sur le problème de turn over dans les services, Philippe Zamora souligne l’importance de garder les équipes motivées, à travers des projets innovants, en impulsant une dynamique constante : « Face à la concurrence des autres collectivités, il faut savoir établir un contrat moral avec ses collègues, afin de pérenniser l’équipe et pouvoir mener les projets à terme». Le service SIG est aujourd’hui composé de deux ingénieurs, Lucie Tableau et Stéphane Rivière, tous deux recrutés comme stagiaires puis reconduits sur des emplois pérennisés. Ils travaillent actuellement sur la migration de l’ancienne plateforme basée sur APIC vers l’environnement ArcGIS et les solutions arcOpole portées par Geomap-Imagis.

 

Pour réaliser cette opération, la Ville a mandaté en 2015 le cabinet Axes Conseil qui a effectué un diagnostic puis proposé différents scénarios avant de lancer une consultation à laquelle ont répondu 3 entreprises. Le marché a été passé en 2016, les phases d’installation et de formation ont été réalisées, la Vérification d’Aptitude est en cours et le déploiement est prévu pour le début de l’année 2018, avec les premières applications de consultation en mode Web pour le Cadastre, le Foncier et le PLU. 

Viendront ensuite les applications métier. La Ville ayant fait le choix des solutions IMARES pour l’eau potable, IMAVOIE pour la voirie et IMAPLU pour la mise à jour du Plan Local d’Urbanisme. Le service réfléchit aussi à l’utilisation du générateur d’application arcOpole pour certaines applications métiers (gestion des hydrants par exemple). Bien entendu, ces applications vont devoir coexister et collaborer avec d’autres solutions métier déjà choisies par la collectivité (Ashtec, Operis, Sogelink ou encore Candela). Cela ouvre donc un horizon encore plus large. Mais qui suppose, là encore, l’engagement et la participation active des autres Directions, challenge plus organisationnel que technique. « C’est un projet passionnant, pas toujours facile car l’offre est très riche et nécessite parfois certaines adaptations pour faire correspondre attentes et réalité, mais il y a un tel potentiel que l’on arrive à contourner les écueils et adapter la solution à nos besoins » confie Stéphane Rivière. 

 

On le voit, les pentes du SIG de Saint Denis sont bien escarpées, mais les Réunionnais sont habitués aux challenges et ne vont pas se laisser arrêter par le premier sommet qui se présente ! De plus la communauté des utilisateurs de SIG se structure pour faciliter les échanges d’expérience, sous l’impulsion de plusieurs organismes publics mais aussi en lien avec le privé. Les Rencontres de la Géomatique ont ainsi été organisées à Saint-Pierre le 16 novembre 2017, regroupant une centaine de participants. 

 

Michel Bernard 

www.saintdenis.re



Article mis en ligne par Michel BERNARD