Plus d’applications dédiées, plus de jeux de données créés et des nouveaux outils pour les gérer et assurer leur diffusion... Le SIG atteint un niveau avancé de maturité, tant d’un point de vue des solutions, d’une explosion des possibilités que des données disponibles. « À cela s’ajoute une montée en compétence dans les services métiers. Nous pouvons aujourd’hui répondre à beaucoup plus de besoins, de façon plus simple », confie Vincent Grandgirard, coordinateur SIT, responsable d’une équipe de sept personnes au service du cadastre et de la géomatique de l’État de Fribourg. S’il réfute le terme de changement de « stratégie », Vincent Grandgirard reconnait que les services SIG sont amenés à évoluer. Parmi les changements qu’il détaille, celui de fournir une large palette de prestations à des « clients » internes (plusieurs dizaines d’entités administratives) et externes toujours plus nombreux. « Les tâches sont également bien réparties avec le service informatique qui s’occupe des équipements, bases de données, réseau, de la sécurité et l’annuaire d’entreprise. De notre côté, nous gérons tout ce qui est lié au SIG. Notre priorité absolue est enfin mise sur les géodonnées et les services web, ainsi que sur les portails qui permettent d’y accéder ».
Le coordinateur SIT peut compter sur plusieurs services clés convertis depuis longtemps au SIG (aménagement du territoire, mensuration officielle, mobilité, environnement, forêt, etc.). « Ces services connaissent leurs besoins et ont des compétences. Nous les laissons s’impliquer et développer leurs propres solutions SIG. Portal for ArcGIS qui nous permet d’offrir aux spécialistes métiers une autonomie encore plus grande dans la préparation de contenus ». Reste à définir une stratégie autour de la diffusion des contenus. Un mode opératoire sur lequel le SIT s’interroge. « Nous sommes tiraillés entre deux postures, liberté et contrôle, confie Vincent Grandgirard. Plutôt que de nous substituer aux services, nous pensons qu’il est préférable de donner aux experts la plus grande latitude possible. Toutefois, nous ne pouvons pas les laisser faire tout ce qu’ils veulent. Nous devons donc créer une voie médiane, garder contrôle sur le dernier geste de la publication et éviter les abus, tout en ne frustrant pas les utilisateurs métiers, surtout lorsqu’il s’agit de la quarantaine d’experts qui connaissent nos infrastructures, nos règles et savent parfaitement ce que nous voulons ».
Responsabiliser et limiter
Qui fait quoi et dans quelles limites, résumerait donc cette nouvelle stratégie SIG ? « Portal for ArcGIS a été vu comme un moyen de libérer les technologies et les outils, permettant aux utilisateurs de consommer les données et services extraits d’applications liées comme Topomaps , analyse Stéphane Couderq, CEO de Topomat. Or le concept même des « users » pousse les organisations à s’interroger sur la manière dont elles doivent s’organiser. Par exemple, quand un utilisateur crée des contenus, il peut agir y compris de la structure de données s’il édite des tables de données. Or la structure des données était jusqu’ici de la responsabilité du service informatique qui peut légitimement s’alerter. Il faut donc repositionner le curseur au bon endroit, entre IT et géomatique ».
Une autre « stratégie » est détaillée par Adrien Vieira De Mello, adjoint de direction à la Direction de l’Information du Territoire de l’État de Genève. Lui aussi constate que la géomatique n’est plus de la seule compétence d’un seul pôle d’experts et que les données sont utilisées de manière transversale. « Il est donc impossible de développer notre système d’information de manière isolée. Nous sommes en mode de collaboration très forte avec d’un côté l’informatique et de l’autre les métiers ». La DIT se positionne ainsi en tant qu’organe de support et de conseil à destination des métiers qui prennent davantage de compétences et de responsabilités avec la mise en place d’une gouvernance plus forte. Celle-ci a notamment pour but d’instaurer plus de cohérence dans les jeux de géodonnées.
« Qualité, fiabilité et interopérabilité sont les maitres mots. Nous assurons la coordination globale en conformité avec notre nouvelle stratégie de la géoinformation, affirme Adrien Vieira De Mello. Portal for ArcGIS offre de nouvelles capacités sur étagère qui permettent aux métiers de concevoir leurs propres cartes ou développer des petites applications de gestion, comme il en existe depuis des années sur le Cloud, mais qui bousculent quelques habitudes de contrôle et de maitrise, en particulier celles du service informatique. Il faut donc distinguer le contenu du contenant. Nous avons défini des règles : nous sommes administrateurs de l’outil de manière globale et nous distribuons les accès en fonction des profils de chacun. Ensuite, les limites de responsabilité, les exigences et les rôles ont été précisés, notamment sur la capacité à pouvoir partager des éléments créés. Attention, seulement un cercle restreint de super utilisateurs peut le faire ! Enfin, nous installons quelques moyens pour suivre l’activité des usagers, analyser les fréquentations, etc. Il s’agit aussi de monitorer les licences et de frais d’usage des services. En fin de compte, nous mettons en place une gouvernance assez légère, mais suffisante ». XF