Molière a connu ses premiers triomphes dans la cité languedocienne. Cette année, Pézenas immortalise les 400 ans du comédien dramaturge et double l’événement en célébrant les 100 ans d’un autre Piscénois, le Douanier Rousseau de la chanson française : Boby Lapointe.
En 2022, Pézenas, commune d’Occitanie de 8.500 habitants située entre Montpellier et Béziers, fête deux anniversaires de naissance : les 400 ans de Molière et les 100 ans de Boby Lapointe. « Pas moins de soixante-dix rendez-vous culturels sont prévus pour l’occasion, nécessitant dix-huit mois de préparation », résume Laurence Richard de l’Office du tourisme Cap d’Agde Méditerranée. Les points communs entre Molière et Bobby Lapointe ne s’arrêtent pas à une unique synchronisation calendaire. « L’un a écrit le Misanthrope, le second L’ami Zantrop, en référence au premier. Plus globalement, ils partagent l’amour et le maniement des mots », mentionne Denis Nepipvoda, guide-conférencier à Pézenas. En réalité, si Boby Lapointe est bien Piscénois d’origine, Jean-Baptiste Poquelin est quant à lui né à Paris. « Comme l’avait résumé si justement Marcel Pagnol en 1947, si Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris, Molière est né à Pézenas. Car c’est dans ce village de l’Hérault qu’il a commencé à connaître le succès à partir d’octobre 1650 et que ses qualités de jeu ont été remarquées », rappelle Denis Nepipvoda. Effectivement, sa renommée s’est tissée lors de ses séjours dans cette cité languedocienne, se faisant recruter avec sa troupe pour divertir les États généraux pendant leur session qui durait trois mois. Ce pouvoir qui avait la charge du vote de l’impôt royal réunissait les députés de Toulouse, du sud de l’Auvergne, du Gévaudan et du Vivarais. « Beaucoup de monde ignore encore cette relation particulière qui unit Molière à la ville de Pézenas. Elle n’a pas été usurpée, comme certains pourraient à tort le penser », commente Philippe Charleux, conteur et comédien habitant aujourd’hui l’hôtel particulier d’Alfonce de Pézenas, dans lequel se serait produit Molière dans les années 1650. Auparavant dans la capitale, Molière avait connu des échecs, notamment avec sa troupe « l’Illustre Théâtre ». Cela lui valut même d’être emprisonné durant quelques jours pour endettement au Châtelet. « Molière s’entêtait à jouer de la tragédie, le genre noble de l’époque, mais il semble que ce n’était résolument pas son style », ironise Philippe Charleux. Il partira ensuite sur les routes de France avec sa troupe, désireux de faire connaître son art en Province et notamment à Pézenas, en territoire de la langue d’Oc.