Motiver les apprentis géomaticiens au SIG


Carte blanche à Dominique Laffely, enseignant au CEPM. Le centre d’enseignement professionnel de Morges dispense les cours théoriques aux métiers de la construction dont celui des géomaticiens.



Le système d’apprentissage en Suisse est une formation reconnue et enviée par de nombreux pays. L’apprenti suit la formation pratique en entreprise (80%) et la formation théorique aux cours professionnels (20%).

D’une durée variant entre trois et quatre ans, la formation professionnelle initiale suisse s’appuie sur deux piliers : les entreprises formatrices et les écoles professionnelles.
L’apprenti travaille donc quatre jours par semaine au contact de professionnels de son métier et suit un jour par semaine les cours professionnels pour acquérir les bases théoriques nécessaires à sa formation.

La formation initiale de géomaticien/géomaticienne est composée de trois domaines spécifiques : la cartographie (confection des cartes nationales, routières, à thèmes, etc.), la géoinformatique (mise en place de SIG, gestion de base de données, etc.) et la mensuration officielle (droit de la propriété, gestion du cadastre, surveillance d’ouvrages, implantation de chantiers, etc.).
Au CEPM, nous transmettons les cours professionnels du domaine de la mensuration officielle.

L’enseignement des SIG au CEPM n’est qu’une initiation destinée aux élèves de la mensuration officielle. Il est important que ces élèves disposent de bases de SIG, car bien que cette branche ne les « concerne » pas, un jour ou l’autre, et plutôt assez vite selon-moi, ils seront rattrapés par le train des SIG qui fonce dans tous les domaines de la vie.

Certains élèves de cette filière de mensuration officielle n’ont jamais vu ou consulté un SIG car leur entreprise formatrice n’a pas de mandat dans ce domaine. Ces élèves-là sont donc difficiles à motiver pour une initiation aux SIG étant donné que ce n’est pas leur métier, qu’ils n’ont aucune idée de l’utilité et donc de l’ampleur que prennent les SIG dans notre monde.

Une quinzaine de périodes d’enseignement est consacrée à cette initiation aux SIG pour les non-spécialistes. Les notions des GDB, champs, attributs, domaines ou bien encore des hyperliens sont expliquées et présentées sous forme d’exercices. L’impression de cartes avec légende, titre, coordonnées, … est également détaillée dans cette première étape. Mais comment aller plus en détail dans ce monde des SIG avec des élèves très distants avec cette matière ?

Et bien faisons leur faire des SIG qui les intéressent ! Ainsi sont nés les travaux personnels de SIG (TPSIG). Chaque élève fait un travail différent, selon son envie, sa passion, son hobby, etc. Une fois l’élève motivé par la matière, l’enseignant est quasiment inutile ! 

Les consignes sont assez simples, construire un SIG selon un thème totalement libre, pour autant qu’il y ait une composante géographique (d’un mètre carré à la terre entière). Une limitation de quantité est également fixée pour éviter que l’élève se fasse déborder par son projet ou, au contraire, présente un travail minimaliste. Si, au terme du travail, une conclusion géographique peut être élaborée, cela serait excellent. 

Cela fait cinq années qu’avec mes collègues, nous demandons des TPSIG à nos élèves spécialistes en mensuration officielle avec un joli succès. Les élèves sont motivés car ils ont personnellement choisi leur sujet, ils en fixent les limites, les critères, les composants, etc.

Au terme du temps imparti, les élèves doivent produire un poster qui, selon la consigne, devrait donner envie de consulter leur SIG. Ce poster devrait mentionner leur thème, quelques mots d’explication, un extrait de carte et de table attributive. L’ajout de quelques photos rend ce poster plus attractif.

Certains travaux débouchent sur des analyses pointues et très intéressantes, la situation des barrages, les concours d’attelage en Suisse ou les clubs de rugby ayant déjà participé à une finale Européenne et d’autres sur des banalités tel le travail de cet élève sur les stations services de sa ville ayant pour conclusion que toutes les stations se trouvent à côté d’une route…

À l’avenir les TPSIG seront encore proposés, car ils répondent bien aux buts pédagogiques recherchés : intéresser et initier les élèves aux SIG.

Carte Blanche  parue dans SIGMAG n°10 (octobre 2016). Cliquez ici pour vous procurer ce numéro.

 

Article mis en ligne par la rédaction SIGMAG & SIGTV.FR