Mobileye, le potentiel des données mobiles


Plus de 50 millions de véhicules sont déjà équipés de la technologie Mobileye. Les données récoltées pour aider à la conduite peuvent aussi intéresser les collectivités.



Créée en 1999 par Amnon Shashua, la société Mobileye s’active sur la recherche et le développement en vue de sécuriser les routes et leurs utilisateurs. Le groupe, basé à Jérusalem, opère à travers le monde pour perfectionner les véhicules autonomes de plus en plus présents sur nos& routes avec cette quête précise de sécurité et d’information sur l’environnement urbain. Aujourd’hui, tous les constructeurs travaillent sur ce sujet et Mobileye collabore avec 25 constructeurs pour intégrer sur plus de 300 véhicules de série : aide de système anticollision, détection d’angles morts, indicateur de limite de vitesse, etc.  À ce jour, plus de 1.600 personnes travaillent au sein de la société, dont 1.300 ingénieurs spécialisés en algorithmes. Ils apportent un vrai savoir-faire nécessaire au développement de leur technologie. En 2017, l’entreprise est rachetée par le géant Intel, voyant ainsi son développement booster avec un soutien très important dans leurs travaux, notamment la technologie Road Experience Management (REM).

Actuellement, Mobileye lance une nouvelle offre axée sur plus de mobilité et de précision dans les données récoltées avec ce système REM." La data a une réelle valeur dès aujourd’hui, avance Raphaël Layani, Directeur régional Mobileye. Dans le passé, les analyses de la route étaient peu nombreuses et organisées lors d’une seule mission d’observation. Résultat : les données se retrouvaient rapidement obsolètes. Dorénavant, un système de capteurs peut être installé sur des flottes de véhicules, déjà destinées à circuler dans un environnement urbain. L’utilité est tout simplement de disposer d’un vrai quadrillage de la ville et de son environnement afin d’obtenir une cartographie claire et la plus précise possible ". Ces flottes peuvent être composées de véhicules d’utilité publique comme des bus, des véhicules à ordures ménagères, des voitures de police ou encore de collectivités locales, etc. Le but est. de varier les trajets et les services afin d’obtenir la cartographie la plus complète. Ces déplacements sont suivis et supervisés par les collectivités et Mobileye. La notion de Crowdsourcing est donc centrale dans le travail de la data. Plus le nombre de personnes travaillant avec cette technologie est grand, plus les données seront précises.

Données statiques ou dynamiques

Cinq thématiques de données sont traitées. Trois sont des données statiques : infrastructure et voirie, biens publics, et état de la route. Deux autres sont dynamiques : piétons/cyclistes et trafic. Le système de récupération de données est simple, mais il s’avère très efficace, grâce à l’utilisation de leurs caméras à vision artificielle qui récoltent les données de manière automatique. L’accessibilité est un autre avantage de ce système. En effet, le prix des caméras est deux fois moins élevé qu’une utilisation de la technologie laser LiDAR, choisie par certains constructeurs.

" Ce choix vise à permettre un accès le plus large possible à cette technologie pour les collectivités et autres acteurs ayant besoin de datas ", confie Raphaël Layani. La ville d’Ajaccio fait partie des collectivités qui travaillent avec Mobileye. Elle l’a testé durant trois mois. Parmi les autres villes qui se sont laissées tenter par l’offre Mobileye : Détroit, berceau de l’automobile dans le Michigan, ou encore Munich, en Allemagne. Quid des données récoltées par le système de caméras ? Un algorithme les trie et juge les données comme importantes ou non. Celles qui ont de l’importance partent directement vers des solutions Cloud et sont traitées afin de les rendre anonymes. Cet anonymat est rendu possible grâce à une solution simple que détaille Avigaelle Lifchitz, directrice marketing Mobileye : " les cinq kilomètres qui précèdent et qui suivent l’objet observé sont supprimés. Ainsi, le trajet est impossible à tracer et l’anonymat est garanti tout comme  la règlementation RGPD ". Ensuite la data passe par ArcGIS Online pour constituer un "roadbook" , une compilation maximale pour les collectivités utilisatrices d’Esri et de la solution Mobileye. Les données et autres observations permettent à la collectivité d’optimiser son environnement urbain, par exemple lors de la création ou la modification de pistes cyclables ou de zones piétonnes. 
La solution Mobileye se présente donc comme un véritable point d’appui pour le monitoring des routes. Quant au partenariat avec Esri, noué en juillet 2019, il vise à atteindre plus rapidement les utilisateurs potentiels, et tout particulièrement les collectivités déjà utilisatrices d ’ArcGIS. " Mobileye n’a pas de vocation à devenir un " mapmaker " comme Esri, précise Avigaelle Lifchitz. Notre axe reste sur l ’aspect Safety ". Pour l’heure, Mobileye se fixe un autre grand objectif : lancer sur les routes d’ici 2025, un véhicule autonome de niveau 3 à 5, à l’instar du Ford Fusion présenté lors du dernier CES 2021. Derrière le volant, l’algorithme tient une place cruciale, tout comme la cartographie HD.
Aymeric Tauzias

+ d'infos : mobileye.com

Article mis en ligne par la rédaction SIGMAG & SIGTV.FR