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Marketplace de données hydrologiques


Intégrée au programme start-up d’Esri, vorteX-io surveille de près les cours d’eau. La jeune pousse s’intéresse à la multiplication des phénomènes de pluies intenses et de sécheresse.



La société vorteX-io est fondée en 2019 par Guillaume Valladeau et Jean-Christophe Poisson, deux anciens salariés de l’entreprise CLS. Leur projet est né du constat suivant : les données satellites ne sont pas suffisantes pour visualiser les cours d’eau et prendre des décisions lors d’évènement s météorologiques violents. « Les inondations ont été multipliées par 2,5 en 20 ans, menaçant un tiers de l’Europe, avec un risque de plus de 300.000 décès et plus de mille milliards de dollars de dommages, affirme Jean-Christophe Poisson, co-fondateur et CTO de vorteX-io. La surveillance temps réel devient chaque jour plus indispensable. Notre priorité est de pouvoir assurer la sécurité des personnes et des biens ». Des solutions existent déjà, telles que le service Vigicrues par exemple, mais elles demeurent insuffisantes en nombre ou vieillissantes. S’ajoute à cela le coût trop important pour l’installation de stations de mesures des cours d’eau, qui limite nettement leurs déploiements à grande échelle. « Sur le territoire français, on compte environ 2.000 stations alors qu’il en faudrait 13.000 pour être efficace, estime le CTO. Pour tenter de pallier ce manque, nous avons tiré parti de notre expérience en créant des capteurs inspirés de la technologie des satellites, c’est-à-dire des installations autonomes, faciles à entretenir à distance ». L’ambition était de réduire les coûts des capteurs et pouvoir les déployer sans effort. Pour cela, la start-up a conçu un boitier de 10 cm équipé d’un capteur LiDAR et d’une caméra. Il s’accompagne d’un petit panneau solaire et d’une batterie pour l’alimentation. Installée en moins d’une heure par des sous-traitants, la station possède une double connectivité, GSM et satellite en cas de défaillances de réseaux. Elle est rapidement opérationnelle et peut être placée sur tout type de structure (pierre, béton oumétal), en restant hors de portée de l’eau.

Un tourbillon de données

Cet outil permet de mesurer la hauteur de l’eau, la vitesse d’écoulement, le débit instantané, les précipitations ou encore la température de l’eau en surface, indice de qualité. Bientôt, il observera également la turbidité de l’eau pour en déduire sa qualité. Toutes ces données sont analysées par un algorithme qui s’assure de leurs justesses, puis envoyées sur le Cloud et rendues disponibles sur la plate-forme Maelstrom. Ainsi, vorteX-io ne vend pas ses capteurs, mais elle les installe là où il lui semble nécessaire et là où ses clients lui demandent. « Maelstrom fonctionne à la manière d’un Marketplace de la donnée hydrologique, précise Jean- Christophe Poisson. Nos clients choisissent la ou les stations qui les intéressent, les met tent dans leur panier, souscrivent à un abonnement et, dans la minute, accèdent aux données. S’ils souhaitent obtenir des informations sur une portion de cours d’eau qui ne possède pas de station, tous les ponts sont référencés afin d’avoir la possibilité de lancer une demande d’installation ». Bien évidemment si des stations sont déjà présentes, la société ne duplique pas le dispositif. Son ambition reste bien de compléter les outils déjà déployés. Elle propose aussi des données gratuites, comme Vigicrues, mais avec un service de notification, par mail SMS ou appel, en cas de montée des eaux selon un seuil choisi.

« Les clients qui font appel à nos données sont assez divers : collectivités territoriales, industriels, secteur de l’énergie, des transports, assurances… La gestion de l’eau est un enjeu pour tout le monde, de Suez, Veolia, EDF à la SNCF. Nous travaillons en ce moment avec des syndicats de bassin des Pyrénées-Orientales fortement touchés par la sécheresse, présente le co-fondateur. Nous aidons aussi les agences spatiales à estimer les performances de leurs satellites qui surveillent les cours d’eau, en analysant leur fiabilité face aux données remontées par nos capteurs. Notre objectif à terme est de parvenir à faire de la prédiction, de fournir la météo des rivières. Actuellement, nous réfléchissons à développer une génération de capteurs adaptée à l’installation souterraine, pour les déployer dans des nappes phréatiques. Nous oeuvrons aussi sur le projet d’un jumeau numérique des cours d’eau du territoire afin de prévoir des risques, notamment grâce à l’intelligence artificielle ». Pour y parvenir, vorteX-io a intégré l ’accélérateur de Nvidia, ainsi que le programme start-up d’Esri. « Ce partenariat technologique nous permettra de mettre à profit les capacités d’ArcGIS en proposant notamment de nouvelles fonctionnalités avancées de cartographie, d’analyse spatiale, de gestion de la donnée ». La jeune pousse va aussi utiliser l’analyse géospatiale pour optimiser la phase de prospection précédant l’installation des capteurs. « À ce jour, nous avons installé 150 stations. Notre objectif est d’atteindre les 3.000 d’ici trois ans avec une constellation de capteurs qui s’étendra au-delà des frontières hexagonales et sous terre », promet Jean-Christophe Poisson.

Kim Janiec

+ d'infos :
vortex-io.fr
 

Article mis en ligne par la rédaction SIGMAG & SIGTV.FR